Vittoz, reprendre les rênes de sa vie

C’est bien souvent un état passif prolongé ou répété qui nous pousse à ouvrir les portes d’un accompagnement thérapeutique. La pratique que met en place le Dr Vittoz, dès 1910 cherche à redonner du pouvoir sur les pensées. Elle permet aussi d’habiter à nouveaux nos comportements, de quitter des fonctionnements quotidiens nocifs. Ceux qui sont consommateurs d’une énergie perdue dans des gestes et des paroles incontrôlés jusqu’à s’épuiser et épuiser l’entourage.

“Ce qui est important, ce n’est pas ce qu’on a fait de moi ; mais ce que je fais de ce qu’on a fait de moi.” Jean-Paul Sartre.

Dans le cadre d’un engagement commun au sein de notre centre de formation Vittoz-IRDC, je demandais récemment à ma consoeur Clémence Laroche-Joubert quelle partie du travail de Roger Vittoz l’inspirait particulièrement en ce moment dans sa pratique. Voilà une citation du Dr Roger Vittoz qu’elle a livré en partage à l’ensemble de notre réseau de thérapeutes et que j’ai eu envie de vous partager :

“Du point de vue du contrôle nous distinguons deux états du cerveau:

l’état actif
l’état passif

Nous entendons par l’état actif, le cerveau à l’état normal. (…) dans ce cas il (le malade) sent ce qu’il pense, ce qu’il fait, ce qu’il veut faire, c’est donc le cerveau sans angoisse (…) » (1)

C’est effectivement le cœur de la psychothérapie Vittoz qui se trouve dans ces quelques mots. Nos comportements reflètent l’état de notre fonctionnement cérébral. Voyons comment.

L'état Passif : De quoi s'agit-il ? Comment le reconnaître ?

Nous sommes dans un état passif : Tous les moments où nous ne sommes pas pleinement acteurs, décisionnaires libres dans nos pensées, dans nos paroles, dans nos gestes, dans nos choix.

Ce sont par exemple les moments de vagabondage cérébral, comme les nomme le Dr Roger. Il y a aussi ces émotions qui deviennent envahissantes. Et quand le cerveau fonctionne en roue libre, pour ainsi dire.

Le couple Shiff a aussi apporté un éclairage dans le cadre du modèle de travail en analyse transactionnelle en distinguant 4 comportements passifs :

L’abstention, la procrastination: Ne rien faire ou reporter.
La sur adaptation : Résoudre les problèmes/ répondre aux besoins des autres plutôt que les siens.
L’agitation : physique et/ou mentale, je m’éparpille, je commence plusieurs tâches que je ne termine pas… Activité répétée sans but ni objectif.
Incapacitation ou la violence : Je me rends incapable de résoudre mes problèmes ou d’affronter une situation ou de répondre à mes besoins. (dépendances, migraines, lombalgies, actions compulsives, trouble du comportement alimentaire, …) Cela s’exprime aussi par une décharge d’énergie. Aucune réflexion ne peut être discernée. La personne n’accepte aucune responsabilité pour son comportement

Que se passe-t-il en nous à l'état passif ?

D’un point de vue physiologique, cela procure de la fatigue en sollicitant le circuit du stress (libération d’adrénaline et de cortisol) de façon trop fréquente et inadaptée qui viennent le dérégler jusqu’à ne plus permettre le feed-back en vue d’une décision claire et engagée. Comme si le thermostat était cassé.

De plus, des symptômes touchant différents appareils (digestifs, sommeil, … ) peuvent également apparaître, car l’organisme, incapable de répondre au stress, va mettre en place des phénomènes compensatoires, au détriment du fonctionnement de différents organes.

Les difficultés d’attention peuvent également être liées à cet état passif.

D’un point de vue psychique, ce sont des stratégies d’évitement plus ou moins conscientes, qui viennent protéger quelque chose qui ne peut pas être, pour le moment, mis à jour par la personne pour aller régler ce problème. Des situations passées douloureuses, ou de l’anticipation face à ce passé, des croyances, des représentations de soi et du monde faussées par une histoire blessée …

Quitter l'état passif : Reprendre les manettes de son fonctionnement cérébral et redevenir acteur de sa vie.

La gamme des pratiques très simples et néanmoins très puissantes que propose le Dr Roger Vittoz nous offre une voie privilégiée vers l’état Actif.

La récéptivité

Être actif, c’est être réceptif : c’est-à-dire recevoir les stimuli de mon environnement, du monde, et de mon corps. C’est connaître par mes cinq sens, ce qui m’entoure sans analyse, sans jugement.

Observer ce qui est là présent en moi (sensations des émotions) et ce qui est montré, dit de ce qui est présent pour l’autre sans interprétation. (signaux relationnels)

Me recevoir sans jugement, c’est aussi respecter ce que je suis aujourd’hui. Consentir à me voir comme ça sans remettre en cause ma valeur, mon existence. Me sentir être. Ici et maintenant. Observer ce qui se passe, sans chercher plus dans un premier temps. Me donner la permission d’être ce que je suis aujourd’hui.

L’acte conscient

Il s’agir de décider, d’agir et d’y être pleinement présent. Terminer. Plusieurs fois par jour, tous les jours. Un jour après l’autre. Sans chercher plus qu’à faire ce qui est décidé : Petit, précis, possible.

Se concentrer

La pratique Vittoz aide à déployer son énergie de façon choisie sur quelque chose, pendant un temps donné.

On apprend aussi à faire revenir un état qui nous a été profitable, dont le corps et le cerveau a gardé une trace. Tout l’être peut alors en bénéficier à nouveau.

La volonté

Il est possible de recontacter sa volonté, qui selon le Dr Vittoz est toujours présente, en attente d’être sollicitée. Répondre à un besoin de façon volontaire , c’est sentir l’énergie en soi déployée vers un but que j’ai fixé pour répondre à mon besoin.

Le temps du travail intérieur avec le thérapeute.

La mise en route de ce travail fonctionnel accompagné par le thérapeute va engager la plupart du temps un processus de travail intérieur.

Les exercices Vittoz ont aussi une portée symbolique qui vont venir se présenter comme des supports à la parole pour prendre conscience, nommer et préciser, les raisons du dysfonctionnement, les besoins, les croyances, et les enjeux personnels qui se révèlent dans notre état passif. Ce travail à deux, consiste à les lever en douceur pour retrouver soi-même de la sécurité et de la liberté.